dimanche 9 novembre 2014

Gone rowing


Bonjour tout le monde, il semble que j'ai eu une flemme phénoménale en septembre-octobre, alors que j'ai des idées de trucs à raconter hein, mais je n'ai donc rien écrit depuis ma découverte du surf.
Surf que j'ai retenté fin octobre (je sais, je suis dingue), toujours à Bundoran, lors du week-end prolongé dû au dernier lundi du mois qui est férié ici. C'était très venteux, un peu pluvieux, vaguement dangereux. La séance du samedi a été raccourcie après avoir été déplacée de plage pour être moins exposée au vent, qui continuait le coquin à nous balancer nos planches dans la figure si on faisait mine de les soulever. Un peu dur. Et j'avais une combi un peu trop grande donc eau fraîche qui continuait à me couler dessus, brrrr.
Dimanche on a laissé tomber et on a trouvé un hôtel dans la ville avec jacuzzi, c'était pas mal :o) (bon, j'avais les pieds absolument trempés le temps d'arriver à l'hôtel, et vu que les vestiaires manquaient de charme, mes chaussettes étaient encore mouillées après coup, ça a cassé un peu le plaisir).
Et lundi le temps étant meilleur on a resurfé et c'était pas mal. Mais combi toujours un peu trop grande, et temps pas aussi vraiment chouette qu'en septembre (où je réalise maintenant qu'on avait pas trop de vent, mais suffisamment de vagues, un peu de soleil, pas de pluie, tout ça) et on était un peu nombreux dans l'eau donc on se gênait. Mais bref, c'était fort sympathique quand même, et Bundoran offre donc des compensations, dont le pub du Kicking Donkey, sa musique live, ses serveurs en costume de vampire pour Halloween et son whisky font partie.


Ça c'est pour voir où est Bundoran, dans le County Donegal tout prêt du County Sligo. A 4h de bus de Dublin (départ 7h30 samedi matin, arrivée 11h30 à Ballyshannon, à 4 miles de Bundoran).
















Ordoncques, si le surf ne m'a pas vu faire de progrès importants, j'ai repris en août mon activité "nautique" à moi qui me manquait bien : l'aviron.
Ils ont des bons restes de l'influence anglaise, l'aviron est plutôt important, chaque université à son club, d'ailleurs tous au même endroit à l'ouest de Dublin, et ça compétitionne dur.

J'avais trouvé sur Internet le site du Phoenix Rowing Club (qui est ai-je appris le club "municipal", ainsi appelé par ses concurrents et voisins), et qui a pris le titre de Phoenix puisque c'est le nom de l'immense parc aux portes du Dublin qui borde l'autre côté de la route où s'étire cette guirlande de clubs d'aviron.
Le Phoenix Rowing Club ressemble assez au club où je ramais à Paris : plutôt relax, pour loisirs adultes, les anciens membres peuvent encadrer les nouveaux, chacun à son rythme. Un peu plus organisé toute fois : on est prié de prévenir le "capitaine" par email si l'on veut venir, ça lui permet de constituer les bateaux à l'avance. On paye 10 euros si on a fait la sortie avec un des barreurs-entraîneurs donc, mais sinon on peut s'organiser pour sortir en double ou juste en skiff, auquel cas pas de frais. Enfin il faut être inscrit à l'année, mais le montant est vraiment minuscule.




La première fois que je suis venue j'ai ramé en double avec quelqu'un qui était là, et j'ai été un peu impressionnée par le vent. Il me semble qu'avec des rafales pareilles, à Paris on ne sortirait même pas. Mais c'est l'Irlande : si tu sors pas quand y'a vent, tu sors pas beaucoup.

Je suis ensuite plusieurs fois montée en yolette (bateau bien stable, potentiellement pour débutants, à 4 avec barreur) barrée par le capitaine, qui est un très bon instructeur, en plus d'être locuteur de l'irlandais et d'un peu de français. 

Quelques personnes du club sont d'ailleurs en octobre allées faire la Traversée de Paris, j'ai traduit le mail d'instructions :o)




Et début octobre j'ai été embringuée dans l'équipage féminin du club pour la régate annuelle organisée par un des gros clubs d'à côté : le Commercial Club.
J'avais trouvé le nom peu élégant, mais on m'a expliqué que c'est un club très important, avec plus d'un siècle d'histoire, une grosse base de jeune compétiteurs qui se font sélectionner en équipe d'Irlande et même (au moins) un ancien champion du monde (1991) qui entraîne maintenant les jeunes.

Il y avait donc des courses, les bateaux allant deux par deux, remontant un peu la rivière pour finir devant le Commercial Club donc. Organisation très bien faite : très souple : quand deux compétiteurs de la même catégorie étaient prêts, eh ben on les envoyait remonter jusqu'à la ligne de départ et faire leur course. Il n'y avait pas d'horaires prédéfinis pour chaque bateau, ce qui à mon avis a évité bien des crises de nerfs.



La course était relativement courte, quelques centaines de mètres, donc très très intense. Et soudain la partie du mouvement d'aviron qui est censée être la plus facile, le retour, qui consiste à revenir en pliant les jambes, rames au-dessus de l'eau, vers l'avant de son siège (donc l'arrière du bateau, vous me suivez, puisqu'on est dos à la route), devient la plus atrocement douloureuse, car des jambes qui viennent de faire un gros effort de poussée pour faire avancer le bateau ne veulent absolument pas se replier immédiatement pour repartir dans l'autre sens. Aïe.
On a gagné notre course :D
(avec paraît-il un très bon temps)
Et ils ont parlé d'une deuxième course contre un autre club. Qu'il a effectivement fallu faire et qu'on a encore gagnée !
Ils ont commencé à évoquer une troisième course mais nos prières aux dieux de l'aviron et des jambes en coton ont fonctionné : les deux autres compétiteurs se sont affrontés d'abord et ont fait un temps toujours inférieur au nôtre, pas besoin de re-courir.

On a gagné un bô T-shirt, et surtout une certaine reconnaissance importante pour notre petit club (ah oui, vous êtes du municipal) qui cherche aussi à se faire regarder avec moins de condescendance et veut prouver que ce n'est pas parce qu'on est complètement loisirs qu'on sait pas ramer non mais oh.




Faudrait que je fasse aussi une petite fiche sur le vocabulaire de l'aviron, qui est d'une part, évidemment, ahah, en anglais, bon, mais ce n'est pas tout. 

Ce que j'appelle la "nage", c'est-à-dire le rameur le plus à l'arrière, le plus proche du barreur s'il y a, celui qui donne le rythme au reste du bateau, se nomme the "stroke".
Et si j'ai toujours numéroté les rameurs 1, 2, 3, 4 en partant de la nage (nage = 1), eh bien ils font l'inverse. Faut surtout s'en souvenir pour 2 et 3, puisqu'ils disent "stroke" et "bow" pour les deux autres.
Donc quand j'étais derrière la nage, pour moi, je suis le 2. En France.
Ici, placée au même endroit, je suis le 3.

J'ai toujours utilisé les indications "rouge" et "vert" pour désigner les côtés du bateau, et indiquer où il convenait de tourner, ou plutôt quelle rame ("pelle" est d'ailleurs le terme français) je voulais que mes coéquipiers utilisent plus fortement au prochain coup pour modifier la trajectoire.
Ici ils utilisent (bizarrement, mais c'est ce que j'ai compris pour l'instant) les mots pour proue et poupe.
Bow et Stern. A moins qu'ils n'utilisent de nouveau "stroke", en fait, j'ai pas encore très bien compris ni retenu.
Ces mots sont donc utilisés pour les positions les plus à l'arrière et à l'avant du bateau, ce qui est assez logique, mais aussi pour les côtés. C't'étrange.
"Bow" désigne donc ma rame à main gauche quand je rame, donc à tribord, donc celle que j'appelais "verte" ; ET le ou les deux rameurs situés le plus à l'avant de l'embarcation, le plus loin du barreur.
"Stern"/"stroke" désigne la rame à main droite, bâbord (rouge) et le ou les rameurs à l'arrière du bateau, le plus proche du barreur.

Le mot pour rame est plutôt "oar(s)" que "row(s)".

Et alors les manoeuvres et tout, euh, la prochaine fois :P




Assez parlé. Je vous laisse avec ces photos que j'ai pu prendre de mon espèce de skiff-canoë super stable qui me permet de bosser un peu toute seule mais me rassure plus qu'un vrai skiff (ils disent "scull" d'ailleurs) parce que j'en ai pas fait depuis 2 ans donc j'ai un peu la trouille. Et cette stabilité m'a permis d'emporter sans peur mon appareil photo pour vous faire partager ma petite sortie de dimanche dernier.

Parce que oui, ça paraît incroyable, mais ces photos ont bien été prises le 2 novembre.


Ça a l'air extrêmement bucolique, mais on entend tout de même une grosse route qui passe pas loin...

On est donc sur la Liffey, le fleuve qui traverse Dublin peu après et finit dans la baie et la mer d'Irlande. C'est en fait un fleuve pas bien large qui a encore l'air à cet endroit d'une grosse rivière et la zone navigable pour nous est assez courte car limitée par des petites chutes d'eau à quelques kilomètres d'écart à peine. Mais gros avantage par rapport à la Marne : évidemment, pas de péniches !












Il y avait un monsieur dans son jardin qui lisait sous un arbre. Tranquille.
Et là où il est, le bruit de la chute d'eau couvre celui de la route, ça me paraît mieux comme ça.
(c'est donc la chute d'eau en amont qui limite notre navigation).







La chute d'eau en aval, là où l'eau a l'air de s'arrêter, pfuit.



Le club d'aviron de Trinity College, le seul sur la rive sud.
Le Memorial War Garden, rive sud itou.
Les oiseaux sont posés vraiment à la limite de la chute, qui fait au moins 2 mètres de haut.
Pas du tout une bonne idée de s'approcher, du coup. Et impossible d'aller ramer plus loin vers Dublin, donc.
Trois bancs face à la rivière, sur un promontoire de Phoenix Park.

Deux bateaux de 8 qui s'entraînent dur, et le club de UCD (University College Dublin) derrière.