jeudi 18 septembre 2014

Surfons donc !

J'avais commencé à vous raconter ici mon premier week-end de septembre, dans le comté Donegal, au nord-ouest de la République.

J'en étais à mes premiers émois de surfeuse - quoique ce soit un bien grand mot. J'ai réussi, dès le premier jour, à me mettre debout sur la planche à plusieurs reprises, mais parfois pour un moment fort court. Et d'autres fois pour un peu plus longtemps mais sans bien savoir quoi faire.
Et ma musculature au niveau des tablettes de chocolat étant ce qu'elle est, passer en position agenouillée puis en position debout prend à chaque fois plusieurs secondes, je veux être sûre d'être bien stable, et d'ailleurs parfois ça ne rate pas, je suis déjà mal centrée et chavire illico sur un côté.


[Il y avait donc écrit "Keep out" sur l'église. Sans vouloir faire de trop mauvaise esprit, ça ma fait sourire]

Bref, je mets du temps, beaucoup de temps entre le moment où la vague soulève la planche et celui où je vais potentiellement me retrouver debout.
Samedi, le prof est presque tout à nous (les trois filles) à part quelques moments où il donne quelques conseils ou encouragements au couple allemand. Lui surfe sur une planche du même modèle que les nôtres, mais elle a une planche plus petite, je suppose que c'est l'étape d'après quand on progresse.

Le prof s'occupe alternativement de nous trois et nous tenant le devant de la planche ("Come on, lay down" qu'il dit) et en nous lançant "derrière lui" (il se tient face à la vague qui arrive et se décale pour nous faire partir sur son côté) pour nous aider à prendre la vague.
J'ai pas osé lui dire en rigolant que passer ses journées à demander à des filles (obtempérantes) de s'allonger c'était un boulot plutôt cool.

Quel que soit le résultat qu'on obtienne, il nous encourage très obligeamment en faisant youhou ! et lève le pouce pour féliciter une réussite particulière. On a pris un fou rire le soir en se disant qu'il passe ses journées, ses semaines, son année à faire des youhou à des gens qui essaient péniblement de juste tenir debout sur ces foutus planches alors qu'il est probablement lui-même très bon surfeur, ce qui n'empêchait pas que cet encouragement avait pour nous une valeur immense et démesurée et que comme un enfant de cinq ans dont le papa a tourné la tête au moment où il a fait dix mètres sans les petites roulettes, on s'est parfois décomposées de déconvenue en s'apercevant qu'il ne nous avait pas suivie des yeux cette fois-ci où on était restées debout longtemps car déjà occupée avec une des deux autres !
 (pardonnez-moi pour les phrases à rallonge, je lis Proust en ce moment, ça sort par où ça peut).


Les maisons du front de mer, enfilade dont fait partie le club.

J'avais peur que l'heure et demie voire plus passée dans l'eau me paraisse trop longue, mais pas du tout, j'étais même déçue quand il nous a annoncé que c'était la dernière vague.
On détache le câble qui relie la planche à notre pied "arrière", on remonte les planches sur les falaises où elles sont chargées sur la remorque et un 4x4 nous rembarque, dans nos combinaisons trempées, pour nous déposer au club. Ah, voilà donc l'intérêt des banquettes (perpendiculaires aux sièges du chauffeur et du passager et du 2ème rang, et qui se font face) couverte de toile imperméable.

Au club, dans le petit vestiaire qu'on attend par l'arrière-cour, il faut maintenant ENLEVER sa combinaison. C'est presque aussi compliqué que de la mettre, c'est rigolo. Il y a une douche déjà bien ensablée dont je ne me servirai que pour enlever justement les restes de sables de mes pieds avant de les remettre dans mes chaussures. On laisse nos combi dans un bac en demandant s'il faut qu'on les lave, quelqu'un répond en rigolant non vous inquiétez pas, c'est l'esclave qui va le faire, et de crier "Slave!" L'esclave étant un jeune garçon de 18 ans environ, probablement aspirant prof, et pour le moment chargé des basses besognes, et le lendemain de nous photographier dans nos tentatives désarticulées de tenir sur ces fichues planches avec les courbatures de la veille en plus. Il a l'air relativement bien traités, avec une certaine affection, et il semble que plusieurs de ses prédécesseurs aient survécu à leur sort, voir sur la page du club présentant les membres (il s'appelle donc Nathan et a un peu grandi depuis la photo).
Quand on ressort, le directeur du club, qu'il a fondé avec sa femme, nous propose une cup of tea ou of coffee dans la cuisine là-haut. Nous attaquons donc l'escalier extérieur vers la porte de la cuisine et cette promesse d'un chaud breuvage quand le prof qui était déjà rentré, ressort, combinaison descendue jusqu'à la taille, demander je ne sais quoi à quelqu'un dans la cour en s'arrêtant sur une marche au milieu de la descente, me permettant gracieusement de constater que ses tablettes de chocolat à lui sont en acier trempé. Et le reste à l'avenant.

Ca c'est fait.


On passe un moment dans la cuisine du club à discuter avec Killian, le fondateur du club, qui se moque gentiment des cinquante-douze questions que Kasia lui a posées pour préparer le week-end (en même temps on ne l'a pas aidée : j'étais censée avoir une répétition du samedi qui n'a été annulée que quelque jours avant, une quatrième nana avait décidé la veille de se joindre à nous et a été prise de vertige le matin même), et je décide, comme il ne m'a pas repérée à mon accent, de lui demander d'où il croit que je viens.
En fait il n'a pas l'air très fort à ce jeu-là parce qu'après avoir dit qu'il reconnaissait facilement les polonais, il n'identifiera Kasia qu'en se souvenant probablement de son nom dans les trois-vingts emails échangés. Pour mon cas, il commence par les pays baltes, puis la Moldavie, écume tous les pays de l'Est avant qu'on se décide à lui dire que je viens d'Europe de l'Ouest, il cite alors consciencieusement tout ce qui se trouve entre Pays-Bas/Danemark et Islande. Il a été obligé de donner sa langue au chat et a déclaré que j'avais l'accent français le plus étrange qu'il ait jamais entendu.
C'est toujours ça de pris.
Il nous annonce aussi qu'il y a ce soir au club une petite fête où tout le monde est convié et où chanterons d'anciens et d'actuels moniteurs du club qui ont formé un groupe donc j'ai déjà oublié le nom (Best Buds ?).

Nous rejoignons le B&B pour une bonne douche, et revenons à pied dans le centre et mangeons pain de poisson, seafood chowder, salade, pièce de viande et bière au pub du coin pour nous remettre et nous féliciter de nos exploits.



On rejoint donc le club, ils ont même mis des spots, qui étaient un peu moins roses en vrai. La musique était chouette et on suivra au pub du Kicking Donkey quand ils s'y déplaceront pour leur "gig" de 23h. A minuit tout de même, direction le dodo.
 

Sur nos quinze minutes de marche vers nos lits, ce graffiti de cheval, Dee a une photo rigolote où on se tient sous les sabot de devant...


La nuit de sommeil fut bonne et le petit-déjeuner correct, pas irlandais malheureusement.
Finalement, il nous reste une bonne demie-heure avant de devoir nous mettre en combi lorsque nous arrivons au club, zou, allons admirer la vue.




La leçon de dimanche est un peu compliquée parce qu'on est très très nombreux dans l'eau, donc on se gêne beaucoup. Et puis il y a déjà des courbatures évidemment. Je crois que j'ai donc moins souvent réussi à me hisser debout sur la planche, mais c'était très chouette quand même.
Ma combi était un petit peu plus grande, je me sentais moins étouffée mais il y avait un petit va-et-vient d'eau et des petites coulées d'eau bien fraîche me caressaient régulièrement le dos.

Après une dernière douche bien chaude au B&B, on est revenu en ville déjeuner dans le resto des surfeurs, Waves je crois, on a étudié le prix dans combi d'occasion dans le magasin d'à-côté, on a dit merci au revoir au club où avait laissé la voiture et où ils étaient en train d'embarquer tout le monde pour les minibus de retour à Dublin - par les moniteurs, mais les clients, le club organise aussi le transport si on veut.
Et sur notre trajet de retour on a comparé nos agendas et constaté que notre prochain week-end de libre en commun est fin octobre, encore jouable !

La radio a annoncé que la finale du championnat d'Irlande de hurling s'était de nouveau, comme les deux années passées, soldées par un match nul et qu'il allait falloir la rejouer. Il semble qu'avant cette série statistiquement incroyable, un match nul en final n'était pas advenu en plus de cinquante ans.

Je suis arrivée à Dublin avec les épaules et le torse bien bien courbaturés, un semblant de bleu sur le pied gauche, le genou droit vaguement tordu, et une sérieuse douleur dans les muscles droit du coup, provoquée par ma sieste à l'arrière de la voiture.

A refaire !

Ah, et pour les gens pénibles qui veulent me voir en combinaison et avoir des preuves que j'ai tenu debout sur une planche sur de l'eau, cherchez donc ici, il y en a 4 ou 5 où j'apparais (dans les dernières lignes).

1 commentaire:

  1. ahahah génial ton histoire, je me suis bien marrée. et ai compatis (ou un t?): ce doit être épuisant effectivement. belles photos qui prouvent que vous avez encore beau temps, c'est chouette !! Bises foréziennes.LaBiche

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