mardi 13 août 2013

Point poids et mesures

Lorsque mon papa est venu me rendre visite, il y a deux semaines (parce que oui, l'indéboulonnable, l'in-dépaysable par excellence, LE seul gars du monde qui travaille depuis 35 ans dans les transports et ne voit pas l'intérêt de voyager est venu me rendre visite. Rendez-vous compte. Je crois discerner là-dedans une possibilité d'affection filiale d'une certaine sorte).

Ordoncques, lorsque mon papa est venu me rendre visite nous sommes allés à Belfast le samedi, samedi 3 août pour être précise, et il s'est étonné sur l'autoroute, dans le car, que les indications de distance soient en kilomètres, au moins en République d'Irlande.
C'est d'ailleurs l'un des indices principaux du passage de la frontière, en Irlande du Nord on repasse en miles bien entendu. La seconde indication réside dans le fait que les panneaux ne sont plus rédigés qu'en anglais et non bilingues avec l'irlandais (gaélique) comme en République, ainsi que nous l'a doctement expliqué notre sympathique chauffeur, Jerry. (Jerry ? On s'en fout, mon papa ne lit pas ce blog il ne pourra pas me corriger haha).
Jerry (appelons-le Jerry) nous a aussi tout raconté de la bataille des Orangistes et de Marie II d'Angleterre et Jacques II son père et de la manière dont Londres a envoyé des colons anglais s'installer dans cette partie nord de l'Irlande qui leur était la plus réfractaire, ce qui expliquerait pourquoi quelques siècles plus tard c'est celle-ci qui a voulu rester britannique. On a aussi su qu'il restait quelques lois contre les catholiques de Rome encore en vigueur au Royaume Grand-Breton de même que O'Connel, qui a maintenant à son nom une des rues principales de Dublin avait dû tricher à un moment pour se faire élire député au début du XXe siècle car la fonction était strictement interdite aux catholiques.

Pour tout vous avouer ce "day tour" fut plutôt rapide. Partis vers 9h30 de Dublin on s'est arrêtés quelques minutes sur le trajet aller pour voir de très vieilles croix celtiques à Monasterboice, dans un joli cimetière.
Arrivés à Dublin aux alentours de midi, j'ai juste eu le temps de me payer un petit sandwich très cher et notre visite du/the/THE ONE/ZE ONLY ONE Titanic Museum de Belfast commençait.
Pour les ignares - d'accord, j'ai appris ça en arrivant ici et mon coloc a eu l'air indigné que je ne le sache pas - le Titanic a été construit à Belfast, qui était à l'époque un chantier naval extrêmement actif, et grouillait de main-d'œuvre bon marché. Le musée a ouvert l'année dernière pour le centenaire, en même temps qu'on inaugurait un monument commémoratif sur l'un des côtés de la mairie avec les noms des disparus. Ça grouillait de monde là-dedans, un samedi de week-end prolongé en Irlande, mais c'était très intéressant et très complet. On a eu droit à la situation du Belfast à cette époque, les industries principales qui y prospéraient, l'évolution du port et des docks de 1780 à 1910, les trajets des immigrants aux États-Unis, des quizz sur les quantité de whisky, de cordage et de tabac fabriqués tous les ans à Belfast... puis les détails de la commande du Titanic, le carnet de livraison religieusement ouvert à la page qui nous intéresse dans une vitrine, un tour en wagonnet sur rail dans l'ambiance des travaux de construction du Titanic : 5 bonshommes pour un rivet il fallait ! Un qui chauffe, un qui passe, un qui insère ça dans le trou et le maintien là-dedans de toutes ses forces pendant que deux autres de l'autre côté de la cloison martèle à haute cadence et à tour de rôle pour que ça refroidisse et que ça prenne la bonne forme. Pour que ce soit plus efficace il valait mieux avoir un gaucher et un droitier. Il y avait des vidéos, rien qu'à regarder c'est épuisant. Et il y a plusieurs milliers de rivets sur le Titanic.
26 mois de construction.
On a ensuite des cabines reconstituées - les lits étaient tout petits !! - troisième, seconde et première classe où l'on avait le choix entre plusieurs décorations. Toutes les cabines étaient de toute façon extrêmement luxueuse pour l'époque, avec des draps même en troisième classe et un point d'eau. Le petit personnel de bord dormait par contre en dortoir.

On suit le parcours de plusieurs des personnes à bord, le télégraphiste principal, l'ingénieur-designer, une des femmes de chambre, quelques passagers.
Il a fallu courir un peu sur la fin parce qu'on n'avait que 2h pour tout faire, on arrive dans la partie naufrage où l'on peut lire tous les messages qui ont été envoyés, dont le "CQD" qui était encore couramment utilisé avant la généralisation de "SOS" et qui signifie quelque chose comme "to all stations: distress", le CQ signifie "sécu" pour "sécurité" et servait à alerter toutes les stations. En tout cas c'est ce que raconte la page Wikipédia en anglais dont je vous ai mis le lien, c'est rigolo, celle en français dit autre chose.
Je suis passée en courant dans l'amphithéâtre qui passait des images des expéditions sous-marines sur l'épave et j'ai juste eu le temps de prendre une photo du plan du paquebot fourni par la compagnie pour l'enquête qui a suivi le naufrage.

Ensuite on a pu passer quelques heures dans Belfast, on a vu la mairie, l'Opera House (enfin la salle fait théâtre à l'italienne mais on y joue surtout des comédies musicales et il y a des vendeurs de pop-corn et d'esquimeau à l'entrée, j'ai eu un léger choc. Le contraste est étrange. Je n'ai même plus pensé à aller voir les fameux "murals", les peintures sur murs si connues... Départ à 16h30, retour à Dublin à 18h30, re-restaurant italien pour le troisième soir d'affilée. Il était bon que voulez-vous. (enfin c'était même le cinquième soir italien, mais on a testé deux restaurants différents et un pub le premier soir).
Mais c'est pas du tout ça que je voulais vous raconter.
Je reprends mon tout début : l'Irlande du Nord compte en miles mais la République est passée au système métrique. Au moment de l'indépendance j'imagine, voire plus tard, en signe de protestation j'imagine.
M'enfin elle est passée en théorie comme j'ai pu le constater ce soir.

Je suis affalée dans le canapé devant les Championnats du Monde d'Athlétisme qui se déroulent à Moscou cette semaine, et j'explique à un de mes colocs qu'on a un français qui est très fort en saut à la perche, même qu'il est champion olympique et je veux pas rater son tour - bon en fait la finale était en train de se dérouler mais bien moins couverte par les télés irlandaises évidemment, on a juste vu le dernier saut sans que je saisisse bien le contexte, médaille d'argent.
Il - mon coloc, pas Lavillenie - me demande quel est le record de saut à la perche. Je réponds qu'il me semble bien que c'est 6 quelque chose chez les hommes et 5 et quelques chez les femmes. 
Impossible me répond-il, 6 ?! C'est ridicule ! C'est tout petit ! Je pourrais le faire ! J'explose de rire et demande à voir ça. J'ouvre Wikipédia, lui montre les chiffres, il s'étonne toujours, montre une photo en noir et blanc sur le côté qui immortalise le record de 1904 et me dit que cette barre-là est déjà bien plus haute que 6. Mais non c'est 4 mètres, ça, réponds-je.

Aaaaaah, meters !
S'exclame-t-il.

Depuis cinq minutes il croyait que je parlais en pieds. Pourquoi parlerais-je en pieds, je vous le demande. Parce que je suis en Irlande estime-t-il. Ben oui mais je croyais que vous étiez passés au système métrique moi. En fait vous comprenez rien aux indications kilométriques sur la route quoi ?

Bon, avec ça il ne comprend toujours par à quelle hauteur est le record du monde de saut (Sergueï Boubka, 6,14 m chez les hommes et Yelena Isinbayeva 5,06 m en extérieur). C'est pourtant simple me dit-il, il y a 36 inches dans un yard c'est-a-dire 3 feet, donc euh, en mètres, euh.
Là j'ai tapé "convesion meters feet" dans Google et c'est allé plus vite.

D'ailleurs, c'est rigolo, j'ai essayé deux convertisseurs qui ne donnaient pas le même résultat :
6,14m vaut 19 pieds et 69 pouces pour l'un et 20 pieds et 1,73 pouces pour l'autre.

Enfin bref, le système métrique c'est encore trop continental, vaut mieux garder des unites proches de la réalité réelle des besoins des gens, non mais oh.


(J'ai des photos de Belfast, bientôt !)
(Désolée pour les problèmes de mise en page du blog qu'il y a eu récemment, je voudrais pas dire de mal de mon employeur - où tout se passe par ailleurs très bien - mais sa plateforme de blog bugue un peu effectivement).


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire