vendredi 10 mai 2013

Chantons maintenant !


Donc, mardi soir, j'allais assister, participer j'espérais bien, à la répétition du Chœur du Goethe Institut de Dublin.
Ça se passait au Goethe Institut comme on peut s'en douter, sur l'un des côtés de Merrion Square, square où semblent avoir vécu plusieurs grands écrivains irlandais (Wilde, William Butler Yeats, Joseph Sheridan le Fanu - faut que je me renseigne sur celui-là, mais si mon guide le mentionne...)  rive sud, à l'est de la ville, pas bien loin de mon lieu de travail. J'avais prévu un peu large et je peux donc faire un petit tour de l'institut avant que la répétition ne commence.
La maison familiale Wilde sur Merrion Square
Je suis vite repérée par l'organisatrice qui avait répondu à mon mail et m'installe parmi les sopranes. La tranche d'âge est assez large, je suis de nouveau parmi les plus jeunes mais je vois quand même arriver des gens qui ne doivent pas être trop éloignés de mon âge, et puis ça va jusqu'à 60 - 65 ans je pense. C'est un groupe de bien quatre-vingts personnes (voire cinq-vingts :o)).
Le chef est irlandais, et attaque un échauffement par un arpège déjà "voisé", tiens ça va un peu vite dans le son comme échauffement. Le choeur répète une fois. Et c'est tout.
Ouch.
Mauvais point.

À leur décharge ils ont un concert-compétition ce dimanche 12 mai, il s'agit donc ce soir de revoir en entier les deux pièces qui y seront données et doivent se chanter par coeur. Mais quand même.

La répétition commence toutefois par un petit morceau des Vêpres de Mendelssohn, qui sont prévues pour le concert de décembre prochain. Ça ne vas pas très en profondeur, je finis par comprendre que le chef bat à la blanche, mais on a fait plus clair, et je m'aperçois que je ne connais pas du tout le vocabulaire musical en anglais... Je finis par attraper dans le courant de la soirée que mesure c'est "bar".  Je râle toujours contre les chefs qui parlent trop de ce qu'il fallait faire au lieu de nous faire rechanter les mesures fautives pour que ça rentre bien (que voulez-vous, j'ai été formée par des cognitivistes, la répétition creuse le sillon), mais là, répéter sans expliquer ce qui n'allait pas où le démontrer une fois pour pouvoir le copier... ben ça n'a pas de sens non plus.

On passe à Heinrich Schütz, Herr, wenn ich nur dich haben. Double-choeur, branle-bas de combat pour l'installation de chaque côté du piano à queue (un Steinway if you please), je me retrouve dans le choeur 1, au premier rang, juste devant le chef qui me sert la main puisqu'on ne s'était pas vus avant.
La pièce n'a pas l'air absolument au point, j'ai le temps de déchiffrer, l'harmonie n'est pas trop surprenante, mais la pièce est tout de même bien jolie. Je finis par demander depuis quand ils la travaillent, Pâques me dit-on. "Use the music" dit le chef avant de nous faire refaire dix fois les mêmes tout petits passages. Et puis faire des la 4 sans échauffement correct, hein (et sans avoir chanté depuis trois semaines pour ma part), c'est pas cool. Je sens que ma voix tire et je commence déjà à en vouloir au chef.
(S'il devient mon chef je serai d'une loyauté presque sans faille, mais pour l'instant je critique tout mon saoul).
Pause, ils ont tout une organisation à mettre en place pour leur concert de dimanche qui se trouve à l'extérieur de la ville, les proposeurs de place(s) dans leur voiture sont priés de se mettre d'un côté du piano et les demandeurs de l'autre.
Puis Britten, le Jubilate Deo (? ça y est je ne sais plus, ah si, mais celui en mi), qui me fait bien penser au Rejoice in the Lamb qu'on a travaillé avec Éolides il y a deux ans, mais plus court, et que j'ai bien plus de mal à déchiffrer à vue. Ils ont l'air de le maîtriser beaucoup beaucoup et je suis admirative du travail sur ce genre de pièce que personnellement je trouve bien difficile, deux passages en revue et c'est plié. Une dernière fois Schütz, avec tout le monde en place en face du chef, je reste à l'extérieur avec les quelques autres personnes qui ne seront pas là dimanche. Mais je chante quand même, ça me fait trop plaisir.

À la fin de la répétition ils sont plus ou moins priés de quitter vite la salle car il y a une audition, moi donc. Il m'avait été demandé de ne rien préparer. Le chef me fait donc faire des arpèges et vocalises en a, i, o , è... J'ai des trous dans la voix sur les notes aiguës, je lui en veux de plus en plus :D Et puis une petite lecture de deux lignes à vue, je me fais piéger sur les altérations (pas vu le ré dièse à la clef) mais c'est pas mal quand même.
Il a l'air très satisfait, me trouve une jolie voix, m'accepte dans sa chorale. Bon, ça fait deux heures que j'écoute, je ne suis pas surprise, à moi de poser des questions maintenant : euh, des fois, vous faites des échauffements ? Ah oui oui je trouve ça très important. Allons bon, mais aujourd'hui alors ? Ah oui on fait au moins cinq minutes, il faut surtout se relaxer. Vous m'écoutez quand je parle ? Je peux pas chanter les notes aiguës sans échauffement moi, par exemple aujourd'hui, vous n'avez pas fait d'échauffement, et vous avez entendu ce que ça donne, alors que normalement je n'ai pas de trous dans la voix comme ça. Ah oui c'est très important les échauffements.

Bref.

Un monsieur du choeur revient chercher sa veste, me demande si je suis prise et me félicite. Intérieurement je monte un peu sur mes grands chevaux en me disant que les félicitations pourraient avoir lieu dans l'autre sens en fait, j'ai une voix jeune, bien plus jeune que leur moyenne d'âge, relativement travaillée, avec une culture musicale et quelques capacités de déchiffrage, ça va, je vais pas les plomber hein, ils devraient gagner au change normalement.

Je ne sais pas très bien pourquoi j'étais d'aussi mauvais poil à la fin, mais voilà, ça ne pouvait pas être parfait.
On considère que je suis enrôlée (oui, à partir du moment où ils me prennent, j'ai accepté, évidemment, je ne crois pas que quiconque m'ait demandé ce que j'en pensais et si ça me convenait), je remplis ma fiche, et on me donne les partitions pour le concert du 22 juin au National Concert Hall. Choeurs d'opéra avec un baryton que je suppose connu (Bryn Terfel) et l'orchestre de la RTÉ, la radio-télévision irlandaise.
L'idée de ce beau concert me console un peu sur mon chemin de retour. Et le sandwich que j'achète, je suis venue à jeun et je meurs de faim.

Me console jusqu'à ce que je mette le nez dans le programme.

C'est un concert avec orchestre et soliste(s). C'est le concert d'un soliste avec un orchestre. Et accessoirement il y a un choeur, des fois, qui chante une ligne, parfois deux systèmes.
On n'a pas une pièce pour choeur seul, les choeurs d'opéras les plus consistants (et il ne faut pas être regardant sur la définition) sont des choeurs d'hommes. Vive la soldatesque.
Ce sera donc un concert de faire-valoir.

Mais j'aurai chanté au National Concert Hall de Dublin. Et il n'y a plus qu'à espérer que je serai encore là le 3 décembre pour le Mendelssohn.

Je trouve en rentrant une page web recensant plein de chorales sur Dublin, mais je réalise qu'on est déjà mi-mai, les concerts de fin d'années sont dans quatre à six semaines, il est vraiment tard. Et après c'est la pause été.

On verra en septembre.
Et j'ai le mail du chef pour lui demander une liste de professeurs de chant ici. On fera comme ça.

Le programme de juin :

- Orchestre : ouverture de la Force du Destin, Verdi
- Baryton et choeur : Udite, udite, o rustici, L'Elisir d'Amore, Donizetti
- Baryton : Son lo spirito che nega, Mefistofele, Boito
- Orchestre : ouverture de Don Giovanni, Mozart
- Baryton et choeur d'hommes : Le veau d'or, Faust, Gounod
- Baryton : Schweig, Schweig, Der Freishütz, Weber
- Choeur (d'hommes ?) : Choeur des soldats, Faust, Gounod
- Baryton et choeur : Te Deum, Tosca, Puccini

- Baryton : Credo in un dio crude, Otello, Verdi
- Orchestre : Danse Macabre, Saint-Saëns
- Baryton : Moritat von Mackie Messer, Die Dreigroschenoper, Weill
- Baryton et choeur d'hommes : When the night wind howls, Ruddigore, Sullivan
- Orchestre : ouverture d'Orphée aux Enfers, Offenbach
- Baryton et choeur : It ain't necessarily so, Porgy and Bess, Gershwin.
L'orgue de la grande salle du National Concert Hall.

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